Par Albert Mondor, horticulteur et biologiste
La majorité des gens n’ont aucune idée de ce à quoi ressemble l’herbe à la puce. Si vous pensez être aux prises avec cette plante indésirable, avant de faire quoi que ce soit, lisez les lignes qui suivent. Ces quelques conseils vous éviteront bien des désagréments.
L’herbe à la puce est une petite coquine puisqu’elle change souvent d’aspect, rendant ainsi parfois son identification difficile. Elle est le plus souvent dressée et buissonnante mais elle peut aussi adopter un port rampant ou grimpant. Ses feuilles vertes et lustrées sont composées de trois folioles ovales à bout pointu dont les marges sont légèrement découpées. En fait, son feuillage rappelle étrangement celui de l’érable à Giguère.
On retrouve l’herbe à la puce un peu partout en Amérique du Nord. Elle pousse aussi bien sur les dunes de sable près de la mer qu’à l’orée des forêts sises sur des sols sableux. Dans nos jardins, il arrive qu’elle pousse au pied des haies de thuyas (cèdres). Dans ce cas particulier, elle est tout simplement apportée avec les thuyas lorsqu’ils sont extraits des champs où ils poussent.
Comment venir à bout de l'herbe à la puce?
L’arrachage est assurément le meilleur moyen de venir à bout de l’herbe à la puce. Lorsqu’on l’extrait du sol, on se rend compte que cette plante toxique possède de longs rhizomes qui courent parfois sur plus d’un mètre de longueur. Si vous décidez d’enlever l’herbe à la puce vous-même, prenez soin d’enfiler une combinaison imperméable et de longs gants de caoutchouc épais que vous jetterez aux ordures une fois le travail terminé.
L’herbe à la puce contient une substance huileuse appelée urushiol qui provoque rougeurs, cloques et enflures lorsque la peau entre en contact avec celle-ci. Ces symptômes apparaissent généralement 24 à 48 heures suivant le contact et peuvent persister pendant une à deux semaines. Toutefois, il arrive que les symptômes apparaissent plusieurs jours – jusqu’à deux semaines – après avoir été en contact avec l’herbe à la puce. L’inflammation de la peau est due à la réponse immunitaire du corps humain à l’urushiol. Il n’est donc pas possible de transmettre une dermatite causée par l’herbe à la puce d’un individu à un autre en touchant les plaies, sauf dans les minutes qui suivent le contact avec la plante puisque l’urushiol est encore présent sur la surface de la peau.
Un grand nombre d’animaux et d’oiseaux sont complètement insensibles à cette plante parce que leur système immunitaire est différent de celui des humains. Toutefois, soyez vigilants puisqu’on rapporte plusieurs cas où les gens se sont infectés en caressant la fourrure de leurs animaux domestiques. D’autre part, si vos vêtements ou vos outils ont touché la plante, il est préférable de les jeter aux ordures puisque l’urushiol peut persister très longtemps sur les tissus et le bois.
Si vous croyez être entré en contact avec cette plante, lavez rapidement votre peau à l’eau froide, sans toutefois utiliser de savon. L’eau froide dilue la sève et referme les pores de la peau, empêchant partiellement l’urushiol de pénétrer et diminuant ainsi la gravité des symptômes. Si des cloques apparaissent sur votre peau, la meilleure chose à faire est de ne pas vous gratter, d’appliquer de la calamine ou de l’aloès pour apaiser la région inflammée, et de recouvrir le tout avec une gaze. Mais rassurez-vous, j’ai moi-même été affecté par l’herbe à la puce et je peux vous affirmer que, bien que cela soit une expérience plutôt désagréable, on y survit assez bien!
En terminant, il ne faut pas confondre l’herbe à la puce avec l’herbe à poux, qui cause des allergies respiratoires – éternuements violents, congestion nasale, démangeaison aux yeux et larmoiements – à de nombreux Canadiens. Bien qu’elle affecte des centaines de milliers de personnes chaque été, il est plutôt étonnant de constater à quel point l’herbe à poux reste méconnue et que peu de gens savent l’identifier convenablement. Mais, contrairement à l’herbe à la puce, sachez qu’il n’est pas dangereux de toucher l’herbe à poux avec les mains nues.
D’une hauteur très variable (certains plants font aussi peu que 20 cm de hauteur alors que d’autres dépassent 1 mètre), cette plante annuelle possède des feuilles caractéristiques de couleur vert tendre qui sont finement découpées. Ses fleurs de couleur jaune verdâtre apparaissent durant l’été et sont réunies en masses au sommet des tiges.